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Contre le contournement Nord de Wavre: La philosophie à la rescousse!

Peut-être en avez-vous entendu parler: le projet du contournement Nord de Wavre a été remis sur le tapis, et une enquête publique a lieu en ce moment jusque ce jeudi 21/12 9h (toutes les infos pratiques ici). Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de vous faire une opinion sur le sujet, voici quelques considérations philosophiques qui pourraient vous inspirer :-)


Quels arguments philosophiques peuvent donc justifier la protection de ces espaces naturels (forêts, paysages, lande à bruyère, etc.) qui seraient détruits par la construction de cette nouvelle route ?


1. La beauté des paysages


La construction de cette nouvelle route défigurerait quelques-uns des derniers paysages vallonnés typiques du Brabant Wallon autour de Wavre. Beaucoup de personnes pensent que l'argument de la beauté n'a pas beaucoup de poids: il s'agirait d'un sentiment subjectif non généralisable. La philosophe islandaise Gudbjorg Johannesdottir est loin d'être du même avis. Pour elle, la beauté des paysages est un argument qui doit être sérieusement pris en compte dans les politiques publiques. Pour cela, l'avis des locaux doit être entendu, car ce sont eux qui se sont le plus imprégné de la saveur des lieux. Car la beauté n'est pas seulement visuelle: voir le paysage depuis sa voiture ne suffit pas. Il faut réellement prendre le temps de s'y immerger avec tous ses sens pour pouvoir savourer la beauté d'un lieu. Il faut également se plonger dans un état d'esprit ouvert vers l'extérieur et non instrumentaliste: quelqu'un qui pense au potentiel financier d'un paysage manquera certainement sa beauté. Voir la beauté nécessite donc une sorte d'apprentissage et d'état d'esprit approprié, comme l'exprime le philosophe américain Henry David Thoreau:


« Telle est la beauté toujours. Non pas ici ni là, maintenant ni alors ; non pas à Rome ni à Athènes, mais partout où il y a une âme pour admirer. Si je la cherche ailleurs parce que je ne la trouve pas chez moi, ma recherche restera stérile. »

Henry David Thoreau

J'ai pris cette photo en Allemagne, mais les brumes et les couleurs de lever du soleil n'ont pas de nationalité!

2. Le bien-être des locaux


Le contournement Nord de Wavre affecterait également le bien-être des locaux et des promeneurs, en provoquant toutes sortes de nuisances liées aux travaux et à la présence d'une route supplémentaire: pollution sonore, visuelle, des sols, etc. La route traversera notamment un sentier Grande Randonnée et détruira une partie des forêts. Or, le professeur Qing Li a prouvé qu'une balade en forêt réduisait le stress, la pression sanguine, et augmentait le nombre et l'activité des cellules NK, les cellules tueuses de cancers! Il y va donc de la santé publique des Wavriens et autres promeneurs... Mais au-delà du bien-être physique et psychique, la possibilité d'un contact avec une nature "vierge" affecterait, plus fondamentalement, notre bien-être spirituel, voire même notre identité. Les forêts sombres et les marais sont les lieux privilégiés de Thoreau pour se ressourcer, se recréer. Leur présence lui est, en quelque sorte, vitale...


« Une ville est sauvée, non pas tant par les hommes vertueux qui l'habitent, que par les bois et les marais qui l'entourent. Une commune au-dessus de laquelle ondoie une forêt primitive, tandis qu'une autre forêt primitive se décompose en dessous, une telle ville est à même de donner non seulement du maïs et des pommes de terre mais aussi des poètes et des philosophes pour les générations futures. »

Henry David Thoreau

Je ne résiste pas à l'envie de vous faire découvrir la très talentueuse photographe canadienne Elizabeth Gadd!

Des mouvements comme l'écologie profonde du philosophe norvégien Arne Naess et l'écopsychologie vont dans son sens: l'humain venant de la nature, il lui est nécessaire, pour un développement complet de son être, de pouvoir entrer en contact avec elle au quotidien. Or le Brabant Wallon est de plus en plus surpeuplé et quadrillé de routes, et il devient de plus en plus dur de pouvoir se ressourcer dans sa nature réduite à peau de chagrin. Savez vous que si tous les habitants du Brabant Wallon se répartissaient dans ses forêts, chacun n'aurait droit qu'à 300m²? Alors, voulons-nous continuer sur cette voie ou inverser la tendance?


« A quoi bon la liberté, sans espace vide sur la carte ? »

Aldo Leopold


3. La biodiversité


Le contournement Nord de Wavre aurait également un impact non négligeable sur la biodiversité: morcellement des territoires, destruction d'habitats d'espèces protégées, etc. Mais pourquoi, au fond, la protection de la biodiversité est-elle importante? Le philosophe américain Aldo Leopold y répond: pour lui, nous devons arrêter de considérer la nature comme une ressource, et, à la lumière des dernières découvertes scientifiques (évolution et écologie), la considérer plutôt comme une grande communauté à laquelle nous appartenons. Ce changement de paradigme nous amènerait alors à respecter ses autres membres, les animaux, plantes et autres, et à veiller à la protection de l'ensemble de l'écosystème terrestre. Or, chaque espèce est importante pour l'équilibre du tout... Leur protection est donc cruciale !


« Nous savons à présent que l’homme n’est qu’un compagnon voyageur des autres espèces dans l’odyssée de l’évolution. Cette découverte aurait dû nous donner, depuis le temps, un sentiment de fraternité avec les autres créatures ; un désir de vivre et de laisser vivre ; un émerveillement devant la grandeur et la durée de l’entreprise biotique. »

Aldo Leopold


Arne Naess souligne également l'importance de remettre l'être humain à sa place: comme une espèce parmi d'autres. Or, il s'est aujourd'hui approprié la majorité de l'espace terrestre, morcelant et diminuant fortement les territoires des autres animaux. Le nombre d'animaux sauvages morts sur les routes en témoigne tristement... Ne serait-il pas temps de leur redonner un peu de liberté?

Prise par Pascale au Capitol Reef NP, Etats-Unis

4. Le réchauffement climatique


La politique du "tout à la voiture" ne va évidemment pas dans le sens de la lutte contre l'émission de gaz à effet de serre. Au contraire, l'augmentation de la fréquence des transports en commun et la mise en valeur des transports doux (vélo) diminuerait les bouchons tout en diminuant notre empreinte écologique. Mais il est bon de nous rappeler ici pourquoi le réchauffement climatique est à combattre! Pour le philosophe allemand Hans Jonas, il y va de la survie, bien sûr, des générations futures, mais également, plus fondamentalement, de l'Humanité... Puisque ultimement, c'est notre espèce même qui risquerait de disparaître. Pour prendre en compte ce nouveau risque, les politiques devraient cesser de penser à court terme et envisager le temps long. La population doit parfois le leur rappeler!


Si un de ces arguments vous a convaincu, n'hésitez pas à l'utiliser pour répondre à l'enquête publique! Attention, il ne reste plus beaucoup de temps pour y répondre! Pour conclure, une petite touche humoristique de Thoreau:


« Au train où vont les choses, nous serons bientôt tous obligés de nous laisser au moins pousser la barbe, ne serait-ce que pour cacher la nudité de notre terre et lui donner un petit air sylvestre. »

Henry David Thoreau





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