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Interviews à Reykjavik

Petit retour sur les interviews que nous avons pu réaliser dans la région de Reykjavik la semaine passée! :)

Le premier de nos rendez-vous était avec une philosophe islandaise: Gudbjörg Johannesdottir.

Nous nous étions donné rendez-vous chez elle, et nous avons mis un certain temps pour trouver sa maison, étant donné que notre GPS ne connaissait visiblement pas son adresse... Nous sommes heureux de pouvoir enfin vraiment entrer en contact avec un local!

Gudbjörg nous a accueillis en toute gentillesse et simplicité. Post-doctorante à l'université de Reykjavik, elle a travaillé durant son doctorat de philosophie sur le concept de paysage, et sur comment l'intégration de ce concept, intimement lié à celui de beauté, peut permettre une meilleure protection de la nature, notamment islandaise.

En effet, elle avait remarqué que la protection de la nature en Islande se limitait trop souvent à une étude quantitative et "scientifique" de l'intérêt d'un certain endroit naturel. Or, entre la biodiversité très faible de l'Islande et un projet de barrage amenant de l'énergie à la population, la nature était souvent la grande perdante... Alors que si, comme elle le promeut, on prenait en compte l'avis des locaux sur la valeur esthétique du paysage naturel en question, les choses seraient très différentes! Et la valeur démocratique de la décision serait également mieux respectée, car l'avis de chacun aurait été pris en compte et discuté. Bien sûr, la question de la subjectivité d'un tel sentiment de beauté reste entière. Mais Gudbjörg, dans une approche phénoménologique à la Merleau-Ponty (les connaisseurs comprendront ;)), considère que la beauté n'est pas seulement un aspect purement visuel, mais une expérience sensorielle totale: lorsqu'on est frappé par la beauté d'un endroit, cela traverse tous nos sens: non seulement la vue, mais aussi les sons, les odeurs, les textures à toucher et même peut-être le goût d'un fruit des bois. Ainsi, on peut être touché par un paysage même s'il fait complètement noir! Pour les photographes que nous sommes, cela nous a d'abord surpris; mais le souvenir de nos moments d'immersion dans la nature ont confirmé ses dires: entendre le son des vagues sur la plage de Skardsvik, toucher les roches de lave polies par la mer au pied des églises d'elfe, sentir l'odeur de soufre sortir de terre: toutes ces sensations ont participé à notre sentiment d'exaltation dans la nature.

Nous avons discuté encore et encore avec elle et ne vous livrons ici qu'une infime parcelle de ses réflexions: la suite sera à découvrir dans les documentaires :) Ce fut en tout cas une rencontre fort enrichissante.


Notre deuxième rendez-vous était avec l'association SEEDS à Reykjavik, qui organise des chantiers de volontariat en Islande, dont un chantier qui s'insère dans le projet "Meet us, don't eat us" de l'IFAW, visant à sensibiliser les touristes à la lutte contre la chasse des baleines. Lorsque nous sommes arrivés au bureau de SEEDS, il était vide :s Heureusement, après une attente certaine, les travailleurs sont revenus et le directeur nous a pris en charge malgré son horaire très très serré (j'étais marquée dans leur agenda au jour d'avant :(). Nous avons pu l'interviewer brièvement sur le projet. En Islande, la chasse à la baleine a été introduite seulement vers 1948 par des norvégiens. Actuellement, seulement 3% de la population mange de la baleine. Et 80% de la viande des baleines tuées est jetée à la poubelle. Les baleines sont tuées avec un harpon et agonisent pendant des heures avant de mourir. Malgré tout cela, le gouvernement refuse d'interdire la chasse de certaines espèces de baleine, prétextant une tradition (qui n'en est pas une) et une rentabilité (vendre la viande de baleines aux touristes curieux) qui en réalité n'en est pas une non plus, car le commerce des tours d'observations de baleines en bateaux est de loin plus juteux (à 75 euros par personne le tour de 3h, en sachant qu'ils font environ 5 tours par jour avec environ 50 touristes à bord à chaque fois...ça fait un paquet d'argent!). D'où la campagne "Meet us, don't eat us", menée par des volontaires internationaux, qui sillonnent les rues de Reykjavik pour interpeller les touristes sur le sujet, leur faire signer une pétition http://ifaw.is/signup/ et leur demander de ne pas manger de viande de baleine et de ne pas aller dans les restaurants qui en proposent. Quelques jours plus tard, nous avons pu rencontrer et interviewer les fameux volontaires en question! :)


Dans un mélange de militance et de timidité, ils ont pu nous livrer leurs opinions sur l'importance de protéger les baleines et nous avons pu les suivre au travail. Nous avons pu déceler au travers de leurs témoignages différentes argumentations philosophiques sous-jacentes : l'importance des baleines pour l'écosystème des océans qui lui-même conditionne notre survie en tant qu'espèce humaine tout d'abord, qui est un argument du type "il faut protéger la nature car sans elle, nous ne survivrons pas", que l'on nomme en philosophie "anthropocentriste", c'est-à-dire centré sur la question humaine. Ensuite, nous avons entendu l'argument de la beauté: les baleines sont des animaux très impressionnants qu'il est fabuleux de pouvoir observer. Il y a également eu l'argument de la lutte contre la souffrance des animaux, qui sont des êtres sensibles comme nous et méritent donc le même respect (du type Peter Singer, cf. article précédent concernant notre interview avec lui). Il a également été question de notre responsabilité envers les animaux.

En tant que philosophes, nous trouvons très intéressant de décoder les témoignages des personnes sensibilisées à l'écologie pour y déceler des argumentations parfois très différentes! Le but de notre cycle de documentaires est précisément de permettre à tout un chacun de pouvoir y voir plus clair dans tout cela... et cela commence déjà sur le blog, on l'espère :)


A bientôt pour un article centré sur nos pérégrinations dans la nature du Sud de l'Islande :)

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