L'immersion dans la nature sauvage, avec Cindy Jeannon
Lors d'une étape dans les Vosges, nous avons eu l'occasion de rencontrer la voyageuse et photographe Cindy Jeannon. Elle nous a emmenés au bord d'un lac de sa région en fin d'après-midi où, en intimité avec la nature, nous l'avons interviewée.
Cindy Jeannon
Depuis 9 ans, Cindy Jeannon part en immersion pour des durées de 3 à 4 mois dans la nature sauvage, loin de toute civilisation. Elle recherche alors à vivre le plus autonome possible, dans une camionnette aménagée mais sans chauffage, une tente ou une cabane, avec le strict minimum. Elle se coupe également de son téléphone et de ses mails. De la Laponie suédoise aux glaciers islandais, elle recherche la rencontre avec les éléments, alliance de force et de poésie, et photographie leur beauté et leur magie pour les partager avec le reste du monde.
Mais que lui apportent ces séjours prolongés, perdue dans des immensités où la société devient une abstraction ?
"C'est une quête intérieure", nous dit-elle. L'immersion dans les grands espaces lui permet de dénouer les liens avec la société mais aussi avec sa propre pensée. "Qui suis-je ?", "Quel est mon lien avec la nature ?" sont des questions qui reçoivent une lumière nouvelle suite à de telles expériences.
"Le temps est vraiment la clé de la démarche", appuie-t-elle. Lorsqu'on est loin de toute contrainte humaine, le temps change : on sort du rythme de la société pour entrer dans un autre rythme, celui des jours et des nuits, des pluies et du soleil, celui de la faim et du sommeil. Pour vivre sa communion avec les aurores boréales, elle a donc décalé son rythme pour aller dormir aux petites heures matinales. "La pensée se libère, on vit différemment les choses", nous livre-t-elle.
Pourquoi recherche-t-elle spécifiquement la nature sauvage, en particulier les grands espaces à perte de vue et souvent hostiles ? Elle a souhaité se plonger dans des conditions extrêmes pour se dévêtir des apparences de la société. En voyageant seule, elle a pu authentiquement affronter la solitude, la nuit et la force des éléments . "Plus les situations sont difficiles et sinueuses, plus on va en profondeur", nous confie-t-elle. Mais elle recherche le sauvage aussi parce qu'elle est en quête de liberté et que le sauvage, c'est la liberté. On constate beaucoup de parallèles entre le caractère de la nature et le caractère humain. C'est pourquoi on peut trouver une réponse à beaucoup de questions profondes de la vie en partant au contact du sauvage.
Dans cette quête de l'essentiel, un questionnement persiste : pourquoi s'encombrer de tant de matériel, notamment photographique ? De telles expériences l'engagent également dans la prise de risque, comme son accident en 2012 où elle a glissé en montagne et n'a pas pu marcher pendant plusieurs semaines. Elle a dû s'adapter à la situation et a alors vécu quasi immobile au bord d'un lac le temps de son rétablissement. Mais au final, cet épisode lui a fait vivre les moments les plus profonds de sa vie.
Ce qu'elle nous livre dans ses photos, c'est la liberté de la nature sauvage et l'harmonie qui s'y trouve. Bien que son lien avec la nature se soit forgé au contact des grands espaces sauvages, il l'accompagne désormais au quotidien.
Merci Cindy Jeannon pour ce beau témoignage !
Ne manquez pas de visiter son site internet !