Aventures au Yellowstone National Park
Nous voici donc enfin au Yellowstone tant désiré ! Nous passons deux premières nuits dans un camping un peu décentré, près du Lewis Lake. Mmh, des petites gelées nocturnes… Heureusement que nous sommes bien équipés ! Malgré un froid de canard, nous sommes loin d’être les seuls à vouloir découvrir les secrets du premier parc national américain ! Mais bien sûr, la majorité des Américains ne dorment non pas sous tente (bien qu’il y en ait quand même un paquet), mais dans un éénooorme camping-car que l’on imagine très aménagé (ben oui, on n’a pas eu le luxe de rentrer dedans !). On croirait presque un bus, ou un char de guerre, c’est selon. Mais nous sommes encore en pleine semaine, juste après que l’entrée Sud ait été rouverte, et dans un camping décentré, nous sommes donc loin de nous imaginer les péripéties que nous vivrons quelques jours plus tard… Suspense ;)
Donc, qu’est-ce qui attire tant de monde au Yellowstone ? Eh bien, plusieurs choses. Le premier facteur, qui est d’ailleurs le premier argument qui a été donné en faveur de la conservation de cet espace en tant que parc national, est la présence d’une centaine de sources chaudes, geysers, marmites de boue et fumerolles. On se croirait presque en Islande, me direz-vous ! Eh oui, mais à part ces deux endroits, on ne trouve de tel phénomène sur terre qu’en Nouvelle Zélande et au Kamtchaka ! Le Yellowstone est en fait situé sur un immense volcan (brrr) ! Ca fume donc de partout. Le premier soir, nous allons découvrir le bassin de West Thumb, site parmi d’autres, et bénéficions d’une belle lumière dorée…
Le deuxième jour, nous partons à la découverte d’un des sites les plus connus du parc, l’Upper Geyser Bassin où se situe le bien nommé Old Faithful, un geyser très fidèle dont on peut prédire assez précisément les moments d’éruption. Les prévisions sont affichées dans les Visitor Center, et les touristes n’ont plus qu’à s’asseoir sur les bancs autour du monstre en attendant qu’il sorte de terre !
Mais le site regorge encore d’un paquet de sources chaudes et geysers plus ou moins actifs.
Un oiseau bleu de montagne typique du Yellowstone prend la pause devant l’Old Faithful Inn, un bâtiment prestigieux classé.
Le vendredi, nous décidons de changer de camping pour explorer la partie supérieure du parc. Nous avons en tête trois campings situés au Nord. Ils fonctionnent sur le mode « premier arrivé, premier servi ». Nous nous mettons donc en route relativement tôt, ayant quand même 2h de route devant nous. Nous étions loin de nous attendre à la galère que nous allions vivre. Premier camping, FULL. Deuxième camping, reFULL. Troisième camping, rereFULL !! Désespérés, nous allons jeter un œil au Visitor Center de Mammoth Hot Springs, où sont affichées les disponibilités des campings. Nous découvrons avec stupéfaction que tous les campings du parc étaient pleins vers 9h du matin ! Nous apprenons à nos dépens que les Américains adorent passer le week-end au Yellowstone, et qu’ils prennent manifestement congé le vendredi… Le seul camping encore libre est celui…d’où nous venons ! Hors de question de refaire la route inverse… Déprimés, nous envisageons même de passer la nuit dans notre voiture, mais avec les ours et le froid, la perspective n’est pas ultra inspirante (le camping sauvage est interdit au Yellowstone). Nous décidons alors de quitter le parc par l’entrée Nord pour trouver un camping à l’extérieur du parc. Nous profitons quand même de notre présence à Mammoth pour visiter le site bien connu des Mammoth Hot Springs, sorte de sources chaudes en terrasses multicolores (les couleurs sont dues à de sympathiques bactéries qui survivent dans ces conditions extrêmes).
Ensuite nous partons pour Gardiner, petit village tout droit sorti d’un western à l’extérieur du parc. Ici, on trouve encore des saloons en bois, et les Américains portent des chapeaux de cowboy ! On se rend compte à quel point les Etats-Unis ont une population contrastée, ce qui explique sans doute les grandes oppositions politiques. Premier camping en vue, FULL. Nous partons alors pour un camping gratuit situé en pleine nature, au bout d’une route de graviers interminable. Pour notre plus grand bonheur, ce camping est déserté ! Nous nous installons fourbus au bord d’une clairière, en compagnie d’une petite famille d’écureuils adorables qui nous observent un bon moment pour décider si nous sommes inoffensifs ou non, car leur maison (un trou dans un arbre) se situe juste à côté de notre banc :)
Après une bonne gelée nocturne, nous nous remettons en route. Nous découvrons à Gardiner une sorte de laverie qui fait aussi douches, ce qui nous sauve ;) Nous entrons ensuite à nouveau dans le parc (il y a une file à l’entrée bien sûr… et des antilopes aussi !).
Ah oui, j’ai oublié de dire que l’entrée dans les parcs nationaux est payante (nous avons acheté un pass annuel à 80 dollars), et qu’à l’entrée un ranger toujours souriant(e) vous remet un plan du parc, un journal et une recommandation par rapport à la faune sauvage. Parce qu’ici, la LOI t’interdit de t’approcher de certains animaux (ours, wapitis mâles et bisons) à plus de 23m (je ne suis plus sûre du chiffre, mais c’est quelque chose comme ça). A Mammoth, nous assistons d’ailleurs à une scène bien rigolote : un mâle wapiti et son troupeau de femelles se promène au milieu des hôtels, restaurants et voitures… Une ranger doit alors faire le « flic » et empêcher les touristes inconscients et leurs appareils photo de s’approcher de trop près du mâle quelque peu irrité par la circulation ininterrompue de voitures (il l’interrompt donc en traversant la route) ! Les piétons sont donc bloqués à une distance de sécurité de l’animal, sous peine de s’entendre héler d’un « Sir ! Sir ! » réprobateur et de se voir empoigner le col par la ranger. Le mâle wapiti montre d’ailleurs de quoi il est capable en tentant de charger de ses bois énormes une voiture qui s’était imprudemment arrêtée à ses côtés (et qui a donc fait un bond en avant sous le coup d’accélérateur ;)).
Donc, vous l’aurez compris, le deuxième facteur qui attire tant de gens au Yellowstone, c’est sa faune ! Nombreuse, diversifiée, et composée d’espèces qui ne vivent plus que dans le parc (comme les majestueux bisons), et complètement habituée à la présence humaine (ils broutent nonchalamment le long de la route). On en oublierait presque qu’ils peuvent nous charger s’ils se sentent menacés et qu’ils sont bien plus forts et rapides que nous (en fait, la majorité des touristes l’oublient, malgré la présence écrasante de panneaux pour nous le rappeler). Heureusement, les rangers veillent, et se trouvent toujours comme par magie là où les animaux sont proches de la route, pour gérer la circulation et les touristes imprudents. Une fois, nous sommes restés bloqués dans une file pendant bien une demi-heure, sans doute parce qu’un touriste a cru voir quelque chose et s’est arrêté en plein au milieu de la route pour la photographier… Il faut dire que les bisons sont quand même ultra impressionnants…
Je me rappelle avec émotion des nombreuses BDs Yakari que j’ai lues petite, et retrouve ici toute sa faune : bisons, antilopes, ours, etc. Tiens, sauf les Indiens ! Ah bon, ils ont été exterminés, chassés, ou vivent dans des réserves ? Bizarre, on n’en parle pas vraiment dans les expositions du National Park Service… C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Callicott fustige le concept de « wilderness », de « nature sauvage », qui serait selon lui un bon prétexte pour les américains pour cacher l’extermination des Indiens, en prétextant donc que la nature telle que les colons l’ont découverte aurait été vide de toute présence humaine…que nenni !
Nous traversons ensuite la Lamar Valley, connue pour être le lieu où des loups ont été réintroduits au Yellowstone. En réalité, les loups ont été à l’époque exterminés du parc, considérés comme nuisibles pour le reste de la faune (ce sont des prédateurs, quoi !). Ce n’est que récemment que le concept d’écosystème, et de relation vitale entre toutes les différentes espèces d’un lieu, a fait son apparition dans la gestion du parc, et qu’ils se sont rendu compte que l’absence de prédateurs pour les cervidés était un problème (ben oui). Depuis que les loups ont été réintroduits, ce qu’on appelle une « cascade trophique » s’est mise en place : tout l’écosystème du Yellowstone en aurait bénéficié, dû à une suite de causes à effets. Nous n’avons pas pu voir de loups à la Lamar Valley, mais comme nous en avions vu un paquet à Mission Wolf, ça va :) Nous sommes ensuite sortis du parc par la sortie Nord-Est pour tenter de trouver un camping disponible. Après une demi-heure de recherche, ouf, nous trouvons un emplacement ! Cela nous apprendra à ne pas réserver nos logements à l’avance…
Le lendemain, nous descendons découvrir le grand canyon du Yellowstone ! Nous avions un vague espoir, comme nous étions dimanche, de trouver un emplacement pour le soir dans le parc…vite déçu par un ranger du Visitor Center :( Nous décidons alors de visiter le canyon comme si de rien n’était et de compter sur notre bonne étoile pour le soir en dehors du parc, à l’ouest. Le canyon est également une des grandes attractions du parc, les cars de Chinois défilent aux points de vue pour se faire prendre en photo devant ses cascades. (On se demande vraiment à quoi doit ressembler la fréquentation du parc en HAUTE saison…) Heureusement, Bao a déniché un guide pour les solitaires comme nous, qui donne les sentiers les moins fréquentés (et pourtant tout aussi beaux). Nous passons quand même par le fameux point de vue, qui est celui qui a été peint par un artiste (Thomas Moran) à l’époque où il fallait persuader le gouvernement de faire du Yellowstone un parc national. Le concept de beauté a donc été prédominant dans la création du parc !
Le Yellowstone a été ainsi nommé pour la couleur jaune des pierres du canyon (qui parfois sont également roses). Le sentier, effectivement peu fréquenté, nous offre des points de vue saisissants sur le canyon…
Nous rentrons sous un ciel menaçant déchiré d’éclairs. Notre bonne étoile fait commencer la tempête juste quand nous sommes à l’abri dans la voiture. Nous traversons le parc en nous croyant en enfer : un torrent de grêlons s’abat sur notre voiture, sous un ciel noir d’encre et des coups de tonnerre… On se voit mal planter notre tente sous cette tempête, et nous envisageons de chercher un motel. Mais la tempête semble s’être limitée aux frontières du parc : lorsque nous en sortons, il fait sec ! Après un premier camping full, nous trouvons enfin, épuisés, un emplacement près d’un lac. Nous entendons à notre étonnement des hurlements de loups… Seraient-ils donc sortis du parc ?
Le dernier jour, nous retournons visiter encore quelques sites de sources chaudes, dont la très fameuse Grand Prismatic Spring, dont les couleurs et la taille sont vantées dans tous les guides. Ce qu’ils oublient de nous dire, c’est que la température de l’eau est si chaude qu’une épaisse couche de vapeur recouvre en permanence la source, donc on ne voit…rien du tout ! Le spectacle est tout de même intéressant, et nous profitons d’un magnifique coucher de soleil…
En rentrant dans le noir, nous sommes gratifiés de la présence d’un bison téméraire au beau milieu de la route ;) Une voiture essaie de le contourner, mais le bison se replace devant celle-ci ;) Les conducteurs traumatisés ont fait le reste de la route à très basse vitesse ;) Il faut être patient avec les bisons ! C’est ainsi que s’est terminée notre aventure au Yellowstone…