Souvenirs glacés

Je vous écris depuis le ferry qui vogue tranquillement sur les flots… Tandis que mon esprit navigue dans les souvenirs des derniers jours passés en Islande ! (Mais je poste seulement depuis notre camping à Hamburg…maudite soit la connexion wifi payante du ferry !)

Craignant la foule, nous décidons de faire l’impasse sur le parc de Skaftafell pour nous concentrer sur le Jokulsarlon, lieu certes fort réputé, mais au potentiel photographique infini. Le Jokulsarlon est la lagune où se rassemblent les blocs de glaces détachés du Vatnajökull, qui dérivent paisiblement vers la mer dans un éclat de bleus glacés. Nous décidons d’éviter la foule en y allant au soleil couchant et au lever du soleil. Ce jour-là, le vent était absolument terrible : au camping, j’ai vu une table voler ! Nous devions lutter pour rester sur place. Mais l’effet du vent sur les nuages donne des résultats absolument magnifiques, que nous espérons encore admirer abondamment en Patagonie cet hiver : des soucoupes volantes envahissent l’horizon…

Quand nous arrivons au soleil couchant au lieu-dit, nous croisons de nombreux photographes au bord de l’eau ! Si vous regardez bien, vous en trouverez un sur la photo suivante :

Les soucoupes volantes ont laissé place à des bonhommes diaboliques…

Et des diamants abandonnés par l’eau brillent de mille feux à la tombée de la nuit…

J’ai pu voir (et filmer !) des blocs de glace se fracassant au milieu de la lagune, créant un bouleversement dans ce paysage d’ordinaire plutôt calme…

Sur la route du retour, le ciel devenu sombre ne cesse de nous impressionner.

Après une trop courte nuit (nos voisins de tente ont dû nous détester, mais c’est eux qui ont décidé de se coller à notre tente ! Ce qui est d’ailleurs une autre habitude des touristes : même sur un terrain absolument vide, ils viendront se coller à vous… Sommes-nous donc les seuls à avoir besoin d’espace vital ?), je disais donc, après une trop courte nuit, nous nous dirigeons sous le soleil matinal vers l’embouchure du Jokulsarlon. Le vent, qui n’est pas tombé, provoque cette fois un autre phénomène extraordinaire : il emporte les embruns des vagues vers l’arrière, transformant celles-ci en chevaux volants ! Je ne peux m’empêcher de penser aux dessins des dieux de l’Antiquité : Neptune sur son char tiré par des chevaux… Ces vagues fabuleuses ajoutées aux blocs de glace bleutés à la dérive forment un paysage merveilleux qui ne cesse de nous enchanter, malgré le vent qui nous fouette de sable noir !

Bao va même jusqu’à braver les vagues (il prendra la douche plusieurs fois), en équilibre sur des blocs de glace.

Nous jouissons d’autant plus du moment que nous sommes les seuls (et pour cause, il est 6h du matin…) à l’admirer.

Le fracas des vagues déchaînées sur les blocs de glace, qui fondent doucement, est tout simplement impressionnant.

Vers 8-9h, les premiers touristes commencent à arriver : il est temps pour nous de repartir, non sans avoir dit bonjour aux phoques qui font la pêche dans la lagune !

Nous nous dirigeons ensuite vers les fjords de l’est, que nous avions beaucoup appréciés à l’aller. Sur le chemin, ce jour-là, nous avons la chance inouïe de croiser 4 rennes ! Les deux premiers sont des jeunes, en témoignent la taille de leurs bois. Ils se promènent tranquillement dans un champ le long de la route…

Les deux suivants sont dans un cadre plus idyllique : au bord de la mer, au bout d’un fjord, au coucher du soleil ! Et adultes, avec des bois extraordinaires. Le mâle m’observe du coin de l’œil mais ne s’effraie pas trop de ma présence. Mes photos n’ont pas la netteté que j’aurais espérée (dans la précipitation je n’avais pas pris mon trépied, erreur fatale), mais je vous en livre tout de même une :

Autre dernière rencontre typique des fjords de l’est : les blakklula (?), des petites fleurs mauves en clochette, que Gudbjörg aime tant…

Notre dernière journée à Seydisfjördur sera brumeuse. Le camping est rempli de gens qui arrivent, puis de gens qui repartent. Nous visitons quelques artisans du coin : certains tricotent (en fait, énormément d’Islandais tricotent apparemment), d’autres photographient ou distillent des plantes. Il est temps pour nous de dire au revoir à l’Islande, avec une quasi-certitude : nous reviendrons ! Mais cette fois-ci, nous choisirons une saison creuse... Peut-être bien septembre-octobre, pour profiter des premières aurores boréales… Mais ce que nous savons, c’est que notre voyage ne s’arrête pas là, puisque le 19 août déjà, nous nous envolons pour les Etats-Unis !