Depuis Heidarbaer
On continue notre tour de l'Islande. Cette fois-ci, c'est moi (Bao) qui rédige le texte; on a décidé d'alterner les rédacteurs :)
Voici l'itinéraire suivi depuis le dernier article :
La région du lac Myvatn
Le tour du lac Myvatn, l'une des destinations les plus réputées de la région, ne nous a pourtant pas fort enthousiasmés. Les touristes sont nombreux et certains lieux me font penser à un "zoo de paysages", c'est-à-dire une collection d'"attractions" bien délimitées que les visiteurs enchaînent en suivant des sentiers balisés. Ce fut l'occasion d'une réflexion sur le concept de "sauvage" : peut-être qu'une rencontre avec la nature sauvage n'est fructueuse que si la façon dont on la rencontre est, elle aussi, "sauvage". Sortir des balades planifiées me semble intensifier ma perception de la nature environnante. Cela dit, les sentiers existent aussi pour protéger cette nature des semelles de touristes. Il y a là un dilemme important à éclaircir.
Nous retrouvons du plaisir lorsque, finalement, nous décidons de passer un peu de temps dans une zone délaissée par les touristes, un "simple" ancien champ de lave à côté de notre camping. Rien d'extraordinaire (relativement parlant), si ce n'est un sol de roche noire parsemé de fissures que l'on retrouve un peu partout dans le pays. Pourtant, c'est à ce moment que notre expérience de la nature gagne en vigueur : seuls avec la nature, sans montre ni guide ni chemins balisés, nous déambulons sur la roche en observant sa finesse, sa petite et magnifique végétation, les vestiges de sa tumultueuse histoire passée.
Le lac Myvatn est également un lieu fréquenté par les oiseaux. Une courte balade près d'une zone de nidification sera l'occasion pour Pascale d'en garder quelques souvenirs.
En quittant la région, nous traversons une zone volcanique suscitant un sentiment fait à la fois de fascination et de désolation. La petite végétation y est extraordinaire. J'ai donc tenté d'exprimer mon expérience par cette petite photo d'une fleur dont le courage de pousser dans un tel désert me laisse admiratif :
Les cascades du canyon d'Asbyrgi : Dettifoss, Selfoss
Ayant pris soin d'étudier la météo, nous avons passé une journée au temps grisâtre à faire une première visite des deux cascades Dettifoss (la plus puissante d'Europe) et Selfoss. Leur eau provient du gigantesque glacier Vatnajokull situé au sud. Nous voyons passer des cars remplis de touristes réjouis à l'idée de se prendre en selfie devant la Dettifoss. Après une nuit au camping, nous retournons sur les lieux, mais cette fois-ci entre 19h et 3h du matin (parce que la météo avait prévu un ciel d'éclaircies). Rappelons que le soleil descend à peine sous l'horizon durant la nuit, de sorte que le ciel reste clair en permanence. Arrivés vers 19h, nous nous préparons tranquillement un petit repas pendant que les derniers touristes visitent les cascades. Vers 21h, nous nous mettons en route vers ces dernières, avec pour légère compagnie lointaine quelques autres visiteurs admirateurs, comme nous, de la lumière du crépuscule.
La nuit est un autre moment où, à sa façon, la nature redevient sauvage.
La Dettifoss est la puissance incarnée. Le choc des eaux au bas de la chute crée de permanentes volutes de gouttelettes dont la douceur contraste avec la force de l'endroit.
La Selfoss est située en amont de la Dettifoss. Moins puissante et moins haute, elle se rattrape par sa subtile intégration dans les parois du canyon.
Dans nos photos, nous alternons entre des poses courtes et longues pour varier les effets. Nous réalisons également des prises de vue vidéo pour le film.
Le soleil se couchant dans la direction opposée à celle qui permet de voir les cascades, nous avons également observé en aval, dans la direction du canyon et du soleil :
En quittant ces cascades, sur notre chemin, des moutons nous font craquer (hé oui !). Cela mérite bien une dernière sortie hors de la douillette voiture chauffée (parce qu'il fait froid dehors !) :
La péninsule de Melrakkaslétta, le point le plus proche du pôle nord
Direction le camping de Raufarhofn, d'où nous pourrons atteindre le phare de Hraunhafnartangi, le point le plus septentrional de l'Islande, situé à seulement 3 km du cercle polaire. C'est ici que le soleil descend le moins sous l'horizon en cette période. Encore une fois, notre sortie se fait durant la "nuit", après 18h et jusqu'à 4h du matin.
La côte est remplie d'oiseaux formant un ballet incessant devant le (quasi-)soleil de minuit. Le vent est redoutable et nous tremblons à l'intérieur de nos vaillants vêtements. Mais rien de tout cela ne peut empêcher Pascale de suivre la faune et la flore locales :
Après minuit, nous quittons le phare vers l'ouest (notre camping est à l'est :)). Le ciel est d'une beauté renversante : du côté sud, il acquiert une teinte violette chaude qui dure toute la "nuit" jusqu'à l'aube. Quelle fut notre surprise lorsque nous pénétrons dans une zone couverte de brume. Le froid est maximal, mais la beauté également, alors notre choix est vite fait :
Vers 3h du matin, le ciel est déjà en train de s'éclaircir. Les teintes pastel annoncent le retour prochain du roi des astres :
Une curieuse bosse de brume...
Avec ce nouveau jour qui commence, nous retournons au camping pour une bonne matinée de sommeil. Le lendemain fut une journée de route vers l'ouest, en direction de la région d'une autre cascade, la Godafoss.
Il est d'ailleurs 17h à l'heure où j'écris ces lignes, c'est bientôt le moment de notre rendez-vous avec la Godafoss et son milieu.