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Les bienfaits des espaces verts, avec Richard Mitchell

Lors d'une journée mouvementée de six heures de routes et deux interviews, nous avons pu rencontrer Richard Mitchell, professeur à l'Institut de la santé et du bien-être de l'Université de Glasgow. Il effectue ses recherches dans le domaine de la santé publique et s'est intéressé en particulier aux bienfaits sur la santé des espaces verts urbains.

Richard Mitchell


Les espaces verts aménagés dans les villes font-ils du bien à la population ? Sa réponse est : c'est possible que oui (en bon scientifique rigoureux ;-)). Mais, me demanderez-vous, avons-nous besoin de recherches scientifiques poussées pour parvenir à cette conclusion ?


Selon Mitchell, il est important de mener des recherches scientifiques, même sur des questions dont les réponses peuvent paraître anodines, car nous vivons dans une société où les décisions sont prises sur base de faits attestés (c'est la démarche de l'evidence-based). Lorsqu'une ville possède un budget limité et doit choisir entre différentes possibilités de le dépenser pour atteindre un but donné, comme par exemple améliorer le bien-être de sa population, il est important d'avoir des données solides afin de nous guider dans nos décisions.


En ce qui concerne le bien-être de la population, on peut se demander ce qui est le plus intéressant : aménager un espace vert ou améliorer les transports en commun ? C'est dans de telles situations que les données disponibles font la différence.



Les impacts sur la santé des espaces verts


Richard Mitchell a notamment réalisé un travail de synthèse des recherches scientifiques sur les liens entre le contact avec la nature et la santé. Selon ces recherches, il y aurait quatre "aspects" à travers lesquels les espaces verts exercent un bienfait sur la santé :

  1. la qualité de l'air,

  2. les activités physiques,

  3. la cohésion sociale,

  4. la réduction du stress.


Mais les bienfaits ne sont pas automatiques : sous certaines conditions, les impacts sont plutôt néfastes ! Par exemple, s'il est vrai que les arbres absorbent la pollution dans l'air, certains d'entre eux émettent des hydrocarbures (qui favorisent la formation de smog). Par ailleurs, la végétation peut aussi aggraver les problèmes d'allergie de la population en produisant certains pollens. Il ne suffit donc pas de planter quelques arbres pour espérer avoir des bienfaits : encore faut-il choisir soigneusement les espèces.


Voici un autre exemple. Les espaces verts peuvent inciter les gens à pratiquer des activités physiques, par exemple en se déplaçant autrement qu'en voiture (marche ou vélo à travers le parc). Cependant, les études n'ont pas toujours montré de corrélation entre, d'une part, la présence d'espaces verts et, d'autre part, l'augmentation du temps passé à marcher ou à rouler à vélo. En effet, un facteur important est le sentiment de sécurité qui se dégage des lieux : certains parcs sombres sont des lieux d'agression, ce qui n'invite évidemment pas les gens à le fréquenter !


Ainsi, lorsqu'il s'agit d'aménager concrètement un espace vert, il est nécessaire de prêter attention à de nombreux facteurs. Les travaux scientifiques qui étudient le sujet sont alors une source d'information de grande valeur (à condition que les politiciens les lisent...) !


New York pourrait-elle survivre sans son Central Park ? On en doute :-)



Les impacts sur les inégalités de santé


Mitchell a également effectué ses propres recherches sur la question des inégalités de santé. Qu'est-ce donc ? Il s'agit du fait, malheureusement très répandu, qu'en moyenne, les populations plus riches sont en meilleure santé que les populations plus pauvres. Il y a de nombreuses causes à cela : l'accès aux soins de santé, la qualité des aménagements du quartier de résidence, les possibilités de se relaxer, etc.


Comment réduire cette inégalité dans une ville ? Une piste en laquelle croit Mitchell et sur laquelle il travaille consiste en ceci : mettre plus d'espaces verts ! En effet, ses analyses, menées dans de nombreux pays d'Europe, montrent que dans certaines situations, les populations plus pauvres ayant un accès à des espaces verts étaient significativement en meilleure santé.


Bien sûr, comme on l'a vu précédemment, d'autres facteurs influencent fortement les bienfaits des espaces verts. Mais l'ensemble de ces travaux nous amène à considérer les espaces verts comme des éléments importants dans le paysage urbain. Sans résoudre miraculeusement tous les problèmes, leur absence compliquerait fort probablement les choses.


Ainsi, planter des arbres dans une ville contribuerait à démocratiser la bonne santé !


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