top of page

A la recherche des tortues de Punta Banco

Le monde est petit! Ou plutôt: le Costa Rica est petit! Les voisins directs de Marie De Bouver, qui nous héberge à San José, ont un projet de conservation des tortues marines dans l'extrême sud du pays, Proyecto de conservacion de las tortugas marinas, "là où la mauvaise route s'arrête et la bonne vie commence" :-) Ne sachant pas si nous pouvions leur rendre visite (à cause des inondations et de l'ouragan), nous les avions déjà interviewés à San José. C'est un couple fort sympathique: Reinoud Van Vreedendaal, que les ticos appellent Reinaldo par facilité, est hollandais, et l'heureux copropriétaire de "Rancho Burica", un hôtel à Punta Banco. Whitney Paola Carillo Molina, costaricienne, est sociologue. Elle considère qu'une des tâches de l'être humain est de préserver l'environnement.

Ensemble, ils ont repris le projet d'une ONG, qui consiste à aider à la conservation des tortues marines, plus précisément des tortues Lora, espèce en voie d'extinction à Punta Banco. Concrètement, cela consiste à relocaliser des nids de tortues dans un vivier. Les tortues viennent sur la plage de leur enfance, la nuit, pour pondre leurs œufs et les enterrer consciencieusement dans le sable avant de retourner dans la mer. Elles pondent environ 100 œufs. La profondeur du nid dans le sable déterminera le sexe des petits. Quand les petits naissent, ils sortent du nid et entament avec énergie leur périple vers la mer, qui leur permettra plus tard de se souvenir de la plage de leur enfance et de revenir y pondre leurs œufs, pour les femelles j'entends.

Mais pourquoi alors relocaliser les nids dans un vivier? Plusieurs raisons font que la nature ne peut plus s'en sortir seule. Il y a d'abord les hommes, qui viennent piller les œufs afin de les revendre, ou de les manger. Il faut savoir que la saison de ponte des tortues coïncide avec la saison pluvieuse. Or les villages côtiers vivent surtout du tourisme ou des métiers de la construction, et ces deux choses sont absentes durant cette saison! Les œufs des tortues leur apportaient donc de quoi survivre.


Mais alors, me direz-vous, le projet de conservation des tortues entre en contradiction avec la survie de la communauté locale! Non, car Paola et Reinoud, ainsi que le reste du comité, dont Astrid que nous vous présentons plus bas, s'en sont bien rendu compte, et ont souhaité faire des locaux leurs alliés, et non leurs ennemis. Comment? En proposant aux locaux de venir patrouiller sur la plage de nuit afin de repérer les tortues venant pondre leurs œufs. Par nid débusqué et relocalisé dans le vivier, la personne en question reçoit 10 dollars, de quoi manger une bonne semaine. Et d'où vient l'argent? De touristes qui ont accepté d'"adopter" un nid de tortues. Pour 15 dollars, le touriste peut avoir son nom devant le nid, et reçoit une petite vidéo lors de l'éclosion des œufs. Une formule qui séduit et qui marche! (voir en bas si vous êtes intéressés :-))


Bien sûr, il reste encore des pilleurs. Mais une sorte de "jeu" s'opère de nuit sur la plage: OK, tu as trouvé un nid, le prochain sera pour moi! Au plus de personnes patrouillent sur la plage, au plus de nids seront sauvés. Ainsi, grâce à leur projet, 23 000 tortues ont pu regagner la mer. En sachant qu'en moyenne, 1 sur 1000 survit, cela fait 23 tortues, dont les femelles reviendront pondre sur la plage. C'est peu, mais c'est déjà ça! Et puis, celles qui n'auront pas survécu seront l'aliment d'autres espèces marines. A la fin du compte, c'est tout l'équilibre d'un écosystème marin qui est préservé!


Les autres raisons qui poussent à relocaliser les nids dans le vivier, sont l'avancée du niveau de la mer à cause du réchauffement climatique, qui réduit les plages à peau de chagrin, et les animaux sauvages qui viennent manger les œufs (mais cela est un mécanisme naturel, me direz-vous).


Ayant découvert tout cela, nous rêvions de rencontrer ces fameuses tortues et de voir de plus près ce beau projet! Ce fut chose faite grâce à un concours de circonstances: une autre association que nous devions visiter à Osa a dû annuler notre rendez-vous à cause de raisons familiales (ce qui est fort triste...), mais nous libérant ainsi quelques jours. En route donc pour Rancho Burica! Une (TRES) longue journée de bus nous attendait, la dernière partie du chemin ressemblant plus à une attraction Walibi qu'à une route ;-)


Sur le chemin, nous découvrons que cette partie du pays repose sur les champs de palme (la fameuse huile de palme...), qui sont une véritable aberration écologique. Pour les planter, ils rasent tout, nivellent les sols. Puis une fois que les noix sont récoltées, l'arbre, qui n'en est pas un, meurt! On se retrouve donc avec des cimetières de palme, pas très sexy... En plus, avec les inondations, beaucoup ont pris l'eau.


Quel bonheur d'arriver à Rancho Burica après tant de route! L'hôtel, à l'esprit très familial et sympathique, est géré au jour le jour par Femke et Marijn, un couple de hollandais. Les petits déjeuners et les soupers se prennent sur le mode familial, tous à la même table. Ça parle en néerlandais, en anglais, en espagnol. Paola et Reinoud sont là pour nous accueillir.


Nous rencontrons également Astrid et Ralph, un autre couple de hollandais qui sont membres du comité depuis un an pour le projet des tortues. Ce sont eux qui proposent l'adoption des nids de tortues et qui envoient les vidéos aux heureux "parents" :-) Nous avons l'occasion d'interviewer Astrid, amoureuse des tortues, sur le projet!

Dès le lendemain matin, nous avons l'occasion d'assister au spectacle tant attendu: le relâchage d'un nid de tortues dans la mer! Les tortues, une fois sorties de leurs coquilles, sont relâchées à l'endroit où était leur nid, à marée haute (mais pas trop), afin qu'elles fassent leur fameuse avancée vers la mer. Le spectacle est émouvant!

Prise par Pascale

On peut imaginer l'effort que cela représente pour ces petites bêtes, plus à l'aise dans l'eau que sur terre... Un beau lever du soleil vient compléter la scène...

Prise par Bao

Un peu plus tard, nous découvrons que la plage n'a pas fini de s'animer: des centaines de bernard l'hermite s'affairent autour de nous, rentrant dans leurs coquilles lorsque nous nous approchons trop, puis ressortant timidement leurs yeux en antennes... Adorables! On se croirait dans un dessin animé Pixar...

Prise par Pascale

Nos journées à Punta Banco nous permettent de découvrir la grande biodiversité de ce lieu, un peu perdu "au bout du monde". Ce sont d'abord les iguanes qui nous ont toisés de leur regard sévère...

Prise par Pascale

Puis les vautours...

Prise par Pascale

Les aras rouges, tout occupés à leur festin de fruits dans les arbres...

Prise par Pascale

Le martin pêcheur vert s'affairant autour de la cascade se jetant dans la mer...

Prise par Pascale

Et puis Reinoud nous crie depuis la plage: "You have to come to see the monkeys!!". Ce que nous faisons, découvrant quelques adorables singes écureuils, faisant grimpette dans les arbres derrière la cuisine...

Prise par Pascale

Sur notre cabina, nous découvrons également une colonie de chauve-souris...

Prise par Bao

Paola nous propose de l'accompagner pour une patrouille de nuit. Armés de lampes de poche, nous arpentons la plage à la recherche des mamans tortues. Des lampes rouges sont utilisées une fois l'animal repéré, car les tortues sont attirées par la lumière. C'est d'ailleurs cela qui leur permet de repérer la mer en tant que bébés: ils sont attirés par la blancheur éclatante des vagues. Justement, au lieu d'une maman, nous tombons cette nuit sur un bébé perdu: il était attiré par la lumière des lampes de la route... Nous l'avons alors guidé avec nos lampes vers la mer, car il était nécessaire qu'il fasse le trajet pour se souvenir de la plage! Un long périple...

Prise par Bao

Nous avons pu également vivre un coucher de soleil sur la plage... Le haut des vagues illuminé par la chaleur du soleil...

Prise par Pascale

Prise par Pascale

Puis le jaune laisse place au rose...

Prise par Pascale

Bao, à son habitude, n'hésite pas à se mouiller ;-)

Prise par Pascale

Prise par Bao
Prise par Pascale

Et la lune, qui séduit la mer, veille amoureusement...

Prise par Pascale

Et d'autres animaux se réveillent! (il s'agit d'un coati)

Prise par Pascale

Paola nous propose également de découvrir l'autre visage de cet endroit, en nous emmenant visiter un village indigène perché dans les hauteurs (et je pèse mes mots: une heure et demi de montée ardue sont nécessaires pour le rejoindre!). L'endroit est magnifique, avec une vue sur la mer en contrebas. Les indigènes ont un sens important de l'espace, et leurs maisons sont donc très espacées, ce qui est fort agréable! Par contre, les chemins sont un vrai champ de boue... Et dire que pour aller au collège, les adolescents doivent marcher jusqu'à Punta Banco pour prendre l'unique bus à 5h30 du matin... Quel courage!!


Prise par Pascale

Paola connaît une des familles là-bas et nous y introduit donc. Santos a un métier très original: il traduit la Bible de l'espagnol vers le ngöbe, la langue indigène. Et ce qui rend l'affaire plus complexe, c'est que la langue ngöbe est une langue qui se transmet oralement et qui n'a donc pas de transcription codifiée! À lui donc d'inventer l'écriture de sa langue... Ce qui est une tâche ardue! Griselda, sa femme, est amie avec Paola. Dans la famille, les femmes cousent des sacs et autres tissus avec des motifs typiques. Nous avons le bonheur de les interviewer sur leur rapport à la nature!

Étant donné qu'ils vivent dans la nature, la protéger est pour eux tout naturel. L'harmonie avec leur environnement... S'ils mangent des animaux, c'est en quantité très modérée, sans abus, et en connaissance des animaux en question. Griselda mentionne également leur respect profond pour un arbre, qui fleurit juste durant la semaine sainte. Le reste de leurs réponses, nous devons encore le traduire en français :-)


Notre séjour à Punta Banco fut d'une grande richesse. Merci encore à Paola, Reinoud, Femke, Marijn, Astrid, Ralph, Santos et Griselda pour leur chaleur!

Prise par Bao


Liens:



Si vous désirez contribuer financièrement à leur projet: https://www.gofundme.com/helpseaturtles



Cet article
Plus besoin de Facebook pour écrire des commentaires !

Voir en bas de l'article

POSTS RÉCENTS :
PAR TAGS :
bottom of page