Hacienda Baru
Après que notre vol ait été retardé pour cause de cendres volcaniques à San José (apparemment il y en a quasi en permanence), nous voici finalement bel et bien au Costa Rica ! Nous qui venons des déserts de l’Ouest Américain, la différence est flagrante. Ici, tout est vert ! Mais pas nécessairement green… La pollution à San José nous frappe comme un coup de poing. Les voitures sont vieilles et émettent des volutes de fumée noire assez inquiétante. Les rivières sont polluées. La circulation est horrible, c’est véritablement la loi de la jungle ! Nous nous félicitons de ne pas avoir loué une voiture et espérons que notre chauffeur tienne un peu à sa vie. Je bredouille quelques mots d’espagnol que j’ai appris à la va-vite avec un Assimil dans les mois précédents. Nous logeons deux nuits dans un Airbnb, chez Mary-Anne, qui est aux petits soins avec nous ! Elle nous gâte avec un jus de fruit frais de son jardin et une salade de fruits. On essaie de s’acclimater à un nouveau type de nourriture : riz, haricots et légumes, et de gros fruits !
Première destination de notre périple : Hacienda Baru, pour y interviewer Jack Ewing, son fondateur.
Jack Ewing est Américain (il vient même du Colorado que nous avons visité), et est venu au Costa Rica pour une raison qui ferait frémir les écolos : pour élever du bétail (importé en avion des Etats-Unis) sur des terres déforestées ! Et pourtant, au fil des années passées à vivre près de la jungle, Jack Ewing se met à aimer la forêt tropicale et ses étonnants habitants. Ancien chasseur, lorsqu’il voit la carcasse d’un mammifère costa-riciain tué par un de ses employés, son premier réflexe est de se demander si un deuxième spécimen pouvait être trouvé pour le tuer et l’exposer sur ses murs. Puis, sa deuxième réaction est un choc : comment peut-il penser ainsi ? S’il trouve cet animal beau, il faut le préserver en vie et préserver son espèce. Petit à petit, Jack Ewing redonne de la place à la forêt tropicale sur ses terres, et diminue son bétail. Pour ce faire, rien de plus simple : il suffit de laisser les graines portées par le vent faire leur effet ! Et la forêt tropicale « revient avec une vengeance » : elle se porte à merveille en quelques années à peine. Jack Ewing comprend l’importance de créer un corridor écologique, une simple ligne d’arbres, pour relier les deux forêts et permettre aux animaux de passer de l’une à l’autre. Au fil du temps, des espèces reviennent, et Jack Ewing se met à penser en termes de préservation de la biodiversité. Pour lui, c’est la tâche la plus urgente aujourd’hui. Il finit par abandonner son business dans l’élevage pour le remplacer par un business « vert » : l’écotourisme. Pour Jack Ewing, l’écotourisme est un moyen pour préserver la nature d’Hacienda Baru. Cela lui permet de gagner suffisamment d’argent pour maintenir les lieux. La protection du gouvernement, elle, est faible : le statut de réserve naturelle doit être réactivé tous les 5 ans. L’écotourisme qu’il pratique ne nuit pas à la nature : les « cabinas » ont été construites sur un ancien champ de riz, avec le bois « tec » qu’il a lui-même cultivé, et ce sans détruire la forêt tropicale et ses hôtes. Nous avons pu assister à un tour guidé dans la forêt, et les guides, tous locaux, connaissent la forêt sur le bout des doigts. Là où nous ne voyions rien, ils nous révèlent la présence d’un paresseux dans un arbre ;) Jack Ewing dénonce le faux écotourisme qui pullule au Costa Rica : des industriels viennent couper la forêt dans une réserve pour y installer un lodge, puis le déclarent « écologique » !
Nous sommes restés 5 jours à Hacienda Baru, et nos pérégrinations dans la jungle nous ont confirmé la grande biodiversité des lieux ! Près des « cabinas », dans un espace plus dégagé avec des arbres à fleurs, on trouve une multitude d’oiseaux colorés (tangaras de Cherrie, autres espèces à déterminer ;-)).
Et le matin, quelques hôtes de plus grande taille.... (onoré du Mexique)
Plus un adorable colibri, féerique de son nom!
Mais également des iguanes qui nous "challengeaient" sans cesse lorsque nous entrions dans leur « territoire », en levant la tête par à-coups. Les gens d’ici l’appellent « le chef » ;)
Il y a aussi une réserve de papillons, que les oiseaux reluquent avec envie.
Dans la jungle touffue, on découvre de tout au détour des chemins boueux (ah oui, nous sommes à la fin de la saison des pluies, donc il pleut environ la moitié du temps, et une bonne grosse pluie tropicale ! Mais du coup il y a très peu de touristes ;)) : des agoutis,
des sangliers locaux, les pecaris à collier (qui me font penser à ceux dans l'anime "Princesse Mononoké"!),
des hoccos, mâle et femelle,
des toucans,
pic épeiche local (pic glandivore),
des lézards en veux-tu en voilà,
des serpents (hiic !),
des « pizotes », en français coatis,
de très célèbres paresseux (à trois doigts),
et, notre coup de cœur, nos cousins les capucins !
Ils ont une sorte de regard nostalgique en permanence, et passent leurs journées en groupe à chercher de la nourriture, sautant de branche en branche avec grand fracas (comme leurs cousins les hommes, ils ne sont pas très discrets ;)).
Ce qui est chouette ici, c’est que comme nous sommes dans une réserve, les animaux n’ont pas peur des hommes et y sont même habitués. Mais ils restent cependant complètement sauvages (ils ne sont pas nourris) et indépendants ;-)
Pour compléter ce lieu idyllique, nous sommes tout près d’une plage complètement sauvage à ce jour, et vu le temps on n’y voyait pas un chat ! Nous avons pu y assister à un magnifique coucher du soleil…
Inutile de préciser qu’il fait très chaud, de cette chaleur moite des tropiques, et que nous sommes couverts de piqures de moustiques qui semblent adorer notre sang occidental (et ne pas être trop gênés par l’anti-moustique ;)). Mais la nature ici est d’une extravagance qui nous plaît beaucoup !
Merci Jack Ewing pour votre accueil si chaleureux, et bravo pour ce que vous avez accompli !