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San Francisco - Gerard Kuperus

Après la wilderness du Yosemite, retour à la civilisation pour un petit séjour à Berkeley ! Nous avons eu la chance de pouvoir loger gratuitement dans l’appartement d’une connaissance, dans une rue très verte et agréable. Depuis notre fenêtre nous pouvions admirer le coucher de soleil sur la baie, ainsi que l’activité incessante des hummingbirds, les colibris, si petits et si mignons !

Prise par Pascale

Prise par Pascale

Nous pouvons confirmer ce que le film Demain avait affirmé : le tri des déchets est effectivement bien implémenté !

Nous en avons également profité pour revoir le cousin de Bao qui habite à San Francisco. Il nous a confié que 50 % des habitants ici sont…asiatiques ! Nous avons donc épluché les restaurants vietnamiens, japonais et coréens ainsi que le centre commercial japonais rempli de peluches de Totoro (véridique ;)). Cela nous a donné un avant-goût du Japon !

Nous avons aussi expérimenté la circulation routière à San Francisco, qui est loin d’être écologique sur ce point ! Bouchons sur bouchons, pas moyen de trouver une place de parking, et très peu de transports en communs… Même pour aller au restaurant, il faut faire la file ! (dans les réputés du moins)


Un passage dans un vieux cinéma de Berkeley nous a permis de voir en avant-première le beau film « Captain Fantastic », qui porte mal son nom, et parle d’un père qui a décidé de faire de ses enfants des philosophes-roi en plus de vivre en autarcie dans la wilderness ! Pas d’école donc, mais un « enseignement à domicile » très exigeant. Le choc avec la civilisation américaine, provoqué par le suicide de sa femme, est donc très rude… Un film à voir !



Et oui, nous avons roulé sur le Golden Gate Bridge, mais ce ne fut pas une expérience très mémorable, à part le gros souci pour savoir comment payer (par internet !) ;) (parce qu’ici, les ponts sont payants !)


A part ces expériences culturelles, nous avons eu l’occasion d’interviewer un nouvel intervenant pour notre documentaire : Gerard Kuperus. Professeur de philosophie et d’éthique à l’Université de San Francisco, ce hollandais venu aux Etats-Unis en 1999 vient de sortir un livre « Ecopolitical Homelessness ». Il y réfléchit sur notre relation à notre « emplacement », notre ancrage dans notre environnement. Sa thèse est que pour le moment, nous sommes complètement désancrés de notre environnement naturel : nous ne savons même plus d’où vient notre nourriture, et nous avons perdu la connaissance de notre milieu, ce qui peut avoir des conséquences dramatiques lors de catastrophes naturelles comme des tsunamis. Au Japon, par exemple, des vieilles marques dans la montagne indiquaient l’endroit où il fallait arrêter de construire. Les japonais sont passés outre cette connaissance ancestrale. Lorsque le tsunami est arrivé, il s’est arrêté juste à hauteur des marques, détruisant les maisons qui avaient été construites au-delà…



De plus, il fait remarquer que la mondialisation économique et les nouvelles technologies nous donnent l’impression d’être chez nous partout : partout autour du monde, on retrouve les mêmes grandes chaînes de restaurant, on parcourt les routes de bitume bien à l’abri dans notre voiture, et on surfe avec nos proches sur internet. L’expérience réellement nomade, de découverte de la vraie altérité, se perdrait alors… Augmentant par là-même le sentiment de peur face à l’altérité, représentée par les migrants par exemple, ou encore la nature !


Utilisant les ressources culturelles des Natifs Américains et des Bouddhistes Zen, Kuperus promeut alors de davantage prendre connaissance des lieux où nous vivons. Il souhaite ainsi que l’homme se rende compte de son appartenance profonde à la nature, qu’il a oubliée… Ce qui s’accompagnerait également d’un nomadisme plus authentique, puisqu’on ne peut réellement se « désancrer » que si on a été « ancré » !


Allant plus loin dans son raisonnement, Kuperus souhaiterait que nous considérions les animaux et les plantes comme étant également des nomades sur la planète Terre. Il critique ainsi la tentative de catégorisation de la nature des écologistes : la nature est selon eux divisée en écosystèmes propres à certains lieux, en espèces bien distinctes, certaines étant considérées comme étant « natives » à un endroit, laissant alors les autres comme des « non-natives », souvent appelées des « espèces invasives ». Un combat sans merci est alors mené contre ces espèces migrantes, considérées comme étant non bienvenues dans l’écosystème « natif ». Kuperus donne l’exemple de la Sutro Forest à San Francisco. Cette jolie forêt d’eucalyptus, plantée par les pionniers en plein au milieu de la ville, sert de lieu de ressourcement et de balade pour des milliers de citadins. Cependant, les écologistes des universités de la ville ont émis le souhait de couper cette forêt. Pourquoi ? Parce que les eucalyptus ne sont pas une espèce « native » de Californie, ils ont été importés d’Australie ! Mais quel est le problème, demande Kuperus ? Cette forêt est en effet le lieu d’une grande biodiversité (on y trouve même des coyotes), les arbres se sont très bien adaptés et ont même amélioré l’humidité du sol (la Californie est une région assez sèche), et les humains s’y plaisent (on confirme ;)).

Prise par Pascale

Pour Kuperus, on devrait être plus tolérant avec le changement des écosystèmes et le mouvement des espèces. D’autant que certains écosystèmes évoluent pour s’adapter au réchauffement climatique. Un exemple ? Les dénommés « grolars » ! Non, ce ne sont pas des gros lards, mais une hybridation entre des grizzlis et des polar bears, les ours polaires. Face à la fonte de la glace, les ours polaires se sont retrouvés sur le même espace que les grizzlis, et ces deux espèces se sont reproduites ensemble, ce qui est intolérable pour notre sacro-saint concept d’espèce (deux espèces différentes ne sont pas censées pouvoir se reproduire) ! Mais pour Kuperus, ce pourrait être un « stratagème » des ours polaires pour que leur espèce survive, au moins dans une forme « impure », au réchauffement climatique…


Mais puisque la nature s’adapte si bien au réchauffement climatique, pourquoi le combattre alors, lui avons-nous demandé ? Pour notre survie à nous, humains, a-t-il répondu. Son argument devient donc anthropocentré : protéger la nature pour notre propre survie. Il ajoute cependant que, l’homme faisant partie selon lui pleinement de la nature, nous devrions également considérer les autres êtres vivants comme les membres de notre famille, et se soucier donc également de leur survie (il se rapproche ce faisant de Callicott).


L’interview s’est déroulée dans la Gleeson Library de l’Université de San Francisco, et le bibliothécaire nous a montré des livres géniaux, dont un qui s’ouvrait en 3D ! Merci à Gerard Kuperus et au bibliothécaire !


A lire : « Ecopolitical Homelessness. Defining place in an unsettled world » de Gerard Kuperus



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