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Yosemite NP...ou plutôt Ahwahnee

Au Yosemite National Park, nous avons décidé de ne pas répéter les mêmes erreurs qu'au Yellowstone: nous avons donc commencé par réserver nos campings ;) Ça fait déjà un gros souci en moins! Nous avons également décidé de plus nous infiltrer dans les coulisses du parc, en essayant de rencontrer des personnes y travaillant: mission réussie, et de plus, avec de belles rencontres!

Entrant dans le parc par l'entrée est, nous débutons notre découverte aux Tuolumne Meadows, prairie subalpine autrefois recouverte d'un immense glacier. Le programme des "interpretative rangers", les rangers dont la mission est de faire découvrir les richesses naturelles du parc au grand public, est varié et fourni. Nous commençons par l'activité "Sunset Walk", qui se révèle être...une lecture de poèmes au son d'un banjo, assis sur un flanc de granit ;) Le ton est donné: ce parc met davantage l'accent sur la beauté et l'expérience régénérante de la nature pour l'homme!

Le lendemain matin, nous nous levons à l'aube pour une activité d'observation des oiseaux. Le givre nocturne recouvre encore le sol...

Le froid et l'heure matinale en ont rebuté beaucoup, et nous ne sommes que trois à accompagner la ranger dans cette balade, ce qui est plutôt agréable! Munis de jumelles et de bonnes paires d'yeux et surtout d'oreilles, nous partons à la recherche des oiseaux! Chickadees, nutcracker et autres n'ont bientôt plus de secrets pour nous (en théorie du moins, car pour les voir, il faut de sacrés bons yeux!). Nous faisons même la rencontre d'une minuscule grenouille près de la Soda Spring:

Prise par Pascale

La grande star de la matinée fut toutefois le red-tailed hawk (buse à queue rousse), qui selon notre guide met à rude épreuve les plus grands spécialistes, car sa queue n'est pas toujours rousse, et l'oiseau peut même être complètement blanc!

Prise par Bao

Et comme nous étions dans une balade d'observation des oiseaux, nous avons vu des coyotes (cherchez l'erreur) :) Qui n'avaient pas trop l'air de se soucier de notre présence...

Prise par Pascale

Ayant sympathisé avec la ranger, Karen Amstutz, nous décidons de l'interviewer dans l'après-midi sur son métier et le parc. Lorsque nous lui demandons pourquoi selon elle un endroit comme le Yosemite doit être préservé, elle répond en nous contant les multiples expériences sensorielles, spirituelles et existentielles que la proximité avec la nature peut nous apporter... Dans la lignée de John Muir, qui fut à l'origine de la création du parc. Elle fait également remarquer que selon elle, la protection de la nature ne doit pas s'arrêter aux frontières du parc, et espère que l'expérience convaincra les visiteurs de davantage protéger la nature au quotidien, chez eux. Optimiste, elle espère, par son métier de ranger, ouvrir les yeux des visiteurs sur la proximité que nous avons avec la nature. Elle nous fait également rentrer dans sa demeure "saisonnière" (de mai à octobre), une simple cabane couverte d'un tissus. Elle nous confie que le National Park Service souhaite moderniser les logements en y ajoutant un toit en dur, mais qu'elle et ses collègues ont refusé: se réveiller avec le soleil et les chants des oiseaux, vivre les changements de température font pour elle partie de l'expérience du ranger. Merci pour tout Karen!

Ce soir-là, nous gravissons le Pothole Dome pour assister au coucher du soleil sur Tuolumne Meadows... Le moment où le bleu monte doucement et avale le rose est hypnotisant.

Prise par Pascale

Puis, une fois la nuit tombée, Bao profite de la présence du Lembert Dome pour un peu d'astro-photographie...

Prise par Bao

Simplement rester rêvasser au camping nous offre également de belles rencontres avec les "chapardeurs" des campeurs: les steller's jay (geai de Steller) et leur belle robe bleue, et les écureuils terrestres de Californie, qui courent ventre à terre, ne sont jamais très loin!

Prise par Bao

Prise par Pascale

Nous nous sommes acheté un petit guide photographique du Yosemite, nous dévoilant les meilleurs points de vue en fonction des saisons. Celui-ci est appelé l'Olmsted Point, et nous permet d'admirer le Half Dome de biais, avec une lumière de coucher du soleil sublime...

Prise par Pascale

Il faut savoir que se trouve dans ce parc une galerie d'Ansel Adams, célèbre photographe des parcs nationaux à l'époque du noir et blanc. Nous aurions voulu interviewer un des membres du personnel, mais cela nécessitait une autorisation officielle fastidieuse... Nous aurions également voulu participer à leurs activités photo, mais elles étaient définitivement hors de portée de notre bourse!


Nous voilà désormais dans la célèbre Yosemite Valley! Les touristes y sont nettement plus nombreux, ainsi que les infrastructures, mais cela n'enlève en rien la splendeur de cette vallée glacière... A côté du Half Dome, la grande star est l'El Capitan, la falaise qui fait saliver tous les grimpeurs... Ici prise depuis la Valley View au coucher du soleil, reflétée dans la Merced River.

Prise par Pascale

Les vagabondages de Bao un peu plus loin lui ont offert cet autre point de vue (Bao n'aime pas les points de vue atteignables en voiture, alors il s'éloigne ;)):

Prise par Bao

Sur cette photo nocturne, on peut apercevoir les lumières des lampes de poche des grimpeurs!! (et les phares des voitures des nombreux touristes, c'est entendu. D'ailleurs, une voiture de chinois s'est arrêtée pour nous demander leur chemin, en nous brandissant un GPS écrit en chinois ;))

Prise par Pascale

Autre point de vue, nettement plus connu et plus peuplé: le Tunnel View, au sortir d'un tunnel. (Le ciel a été désespérément sans nuages pour les photographes que nous sommes...)

Prise par Pascale

L'El Capitan, encore et toujours lui, sous la voie lactée :)

Prise par Bao

Le Glacier Point, après une longue route sinueuse qui apparemment ne décourage pas les touristes (zut), offre un point de vue cette fois sur le Half Dome. Des nuages, hip hip hip, hourrah! Petite plongée dans le paysage rosé, en trois temps...

Prise par Pascale

Prise par Pascale

Prise par Pascale

J'adore ces bosses de granit :) Mais je ne peux m'empêcher de me souvenir qu'au moment où j'ai pris cette photo, deux idiots étaient en train de copuler bruyamment en public juste derrière nous. Ça devait les exciter. Moi, j'avais juste très envie de les frapper. C'est tout ce que ce paysage vous inspire? Ça vous amuse de choquer les gens? De les faire partir? (parce que bien sûr, c'était la seule chose à faire...) Bref, cela n'a vraiment pas arrangé notre misanthropie.

Prise par Pascale

Dernier point de vue, cette fois au bout d'une balade dans des beaux bois moussus (ce qui n'a toujours pas rebuté les touristes): le Taft Point. Cette fois, nous pouvons admirer le soleil de face, jetant ses dernières lueurs sur l'éternel El Capitan...

Prise par Pascale

Prise par Bao

Mais quelle est l'histoire de cette belle vallée? Était-elle inhabitée lorsque les colons sont arrivés? Que nenni! Elle était peuplée par les Miwoks, tribu amérindienne. Mais! Pour vraiment les respecter, il faudrait plutôt dire "a nation of native Americans". Puisque les appeler Indiens, c'est juste perpétuer l'erreur d'un blanc qui a débarqué un jour sur leurs terres! Et le terme "tribu" évoque une saveur exotiste peu appropriée. C'est ce que nous a indiqué Caressa Nguyen, mi Miwok, mi Vietnamienne (avec également des origines philippines), ses études en anthropologie linguistique lui ayant appris à reconnaître le poids des mots. Caressa, que nous avons interviewée, nous a raconté les terribles génocide et injustice que son peuple (toujours bien vivant!!) a vécus. Il y a d'abord eu la ruée vers l'or, durant laquelle les colons avides de richesses ont massacré de nombreux Miwoks. Puis il y a eu l'instauration du parc national. Le problème, c'est que la conception de la wilderness à l'américaine, comme nous l'avons déjà soulevé, exclut de la nature à préserver toute présence humaine (hormis celle du National Park Service et des touristes, of course)! Les Miwoks ont donc été mis dehors, par des ruses vraiment peu glorieuses d'après son témoignage : les Miwoks étaient forcés de travailler pour les blancs pour survivre, et on leur offrait de dormir avec leurs familles à l'extérieur du parc; lorsqu'ils revenaient à leurs anciennes maisons et villages, ceux-ci auraient été tout bonnement brûlés par le NPS... Aujourd'hui un village indien a été reconstruit, mais c'est pour les touristes, et le musée attenant nous donne l'étrange impression que ce peuple est tout simplement éteint... Alors que ses membres, ainsi que ceux de toutes les autres nations des natifs Américains, sont regroupés aujourd'hui dans des "rancherias", des terres appartenant au gouvernement, serrés les uns sur les autres. Leurs enfants leur ont été enlevés pour être placés dans des pensions où ils étaient forcés de parler anglais. Même leurs noms ont été changés. Une des plus grosses injustices de l'histoire des Etats-Unis est passée complètement sous silence, et ces peuples, dont la dignité a été enlevée, se voient être qualifiés de peuples éteints, de personnages de western, ou, lorsqu'on les voit dans la rue, de Mexicains. Leur ressentiment est donc très fort. Ils essaient tant bien que mal de préserver leurs traditions, leurs croyances, et de revendiquer leurs droits. C'est pour cette raison que Caressa a décider de témoigner pour nous. Nous ne la remercierons jamais assez pour ce qu'elle est et ce qu'elle fait!


Elle nous a également livré une image de la relation à la nature des natifs Américains: elle est caractérisée par un profond respect de tout ce qui permet aux hommes de vivre, que ce soit l'eau, les plantes ou les animaux. Pour eux, ce sont leurs frères et sœurs de la création. Aucune notion de supériorité. Lorsqu'ils prennent une vie pour survivre, ils demandent toujours la permission à la vie en question. Lorsqu'ils sentent que quelque chose cloche, ils passent leur chemin. Ils avaient également l'habitude de "brûler" (par des cendres brûlantes) certaines parcelles de terre, afin qu'au printemps la vie puisse revenir avec plus de force. Cette pratique, qui a été bannie par le NPS au commencement (avec toujours cette idée de wilderness intouchable), est à présent reconnue par celui-ci comme favorable à l'écosystème de la vallée. Les Miwoks ont également un profond respect pour les ours, qu'ils considèrent comme leurs semblables (pouvant marcher sur deux pattes, ayant un sens fort de la famille, omnivores, etc.). Ils se considèrent comme les véritables protecteurs de la terre, et ne supportent pas que le NPS s'arroge cette mission avec fierté... Soulignons enfin une anecdote amusante: le nom Yosemite vient en réalité d'un mot que les colons entendaient de la bouche des Miwoks, qui signifiait en réalité "ceux parmi qui il y a des tueurs"... Le nom que les Miwoks avaient réellement donné à la vallée est Ahwahnee, qui signifie une bouche ouverte, l'image que leur évoquait la vallée glaciaire.

Cette belle rencontre nous a ouvert les yeux sur une réalité bien sombre. Nous avions déjà soulevé la ségrégation Noirs-Blancs-Autres immigrés qui nous avait sautée aux yeux (soulignons que les Blancs ici sont tout aussi immigrés que les autres! Les seuls natifs sont ici réprimés... ) Les Etats-Unis sont décidément un continent de contrastes et de contradictions!

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